Tout d'abord
il faut dire que dans toutes les provinces de France il y a eut des histoires
de sorciers.
Le Berry n'est pas spécifique de ce coté là.
Le caractère des berrichons, plutot renfermé vivant repliés
sur eux mêmes et méfiants envers "l'étranger"
a fait perdurer plus longtemps ici le mythe de la sorcellerie.
Il n'est pas de civilisation dans le monde où la sorcellerie n'ait
existée ou existe encore. Elle offre une forme de réponse
aux questions du mal, de la maladie et de la mort. La sorcellerie fut
citée dès l'Antiquité et est representée dans
la mythologie par le personnage de Médée. Au XIIIe siècle,
la montée des hérésies rendit la sorcellerie potentiellement
plus dangereuse, et c'est seulement de cette époque, et surtout
à partir du XIVe siecle, que date la persécution des sorciers.
Celle-ci a laissé jusqu'à nos jours des traces dans l'imaginaire
collectif. La composante sexuelle est nettement présente dans la
fantasmagorie liée à la sorcellerie occidentale, c'est pour
cà que les sorcières sont beaucoup plus nombreuses que les
sorciers, et qu'elles sont censées avoir des rapports sexuels avec
le démon, qu'elles rencontreraient lors des "sabbats".
En Berry, des pratiques de sorcellerie subsistent très tard, comme
au Moyen age, dans certains villages isolés des grandes routes
et du progrès technique.
Le paysan du Berry, comme celui des autres régions reculées,
est volontiers crédule et superstitieux.
Ingénument, mais avec une bonne foi indéniable, il se croit
capable de pactiser avec "les forces occultes" pour le meilleur
comme pour le pire, les uns se considérant comme initiés
aux maléfices, les autres doués pour "lever les sorts".
Les théories occultistes traditionnelles distinguent la magie blanche,
qui se veut bienveillante, et la magie noire ou sorcellerie, qui cherche
à nuire à autrui.
Le Berry pays sorcier, terre
noyée dans la brume qui enveloppe les haies vives, stagne au creux
des chemins du bocage et dont les ombres ont alimenté longtemps
les frayeurs paysannes. La région, peut-être pas plus superstitieuse
que les autres terroirs de France, s'est autrefois distinguée par
de retentissants procès en sorcellerie.
Les créatures typiques de la contrée sont les facétieuses
birettes (spectres en chemise) ou le dangereux meneur de loups.
Sorciers, ils empoisonnaient le bétail. " Birettes ",
elles portaient une peau de sanglier ou de loup sur les épaules
et hantaient les campagnes.
Meneurs de loups, ils conduisaient des meutes et les faisaient danser
au clair de lune. Avec son cortège de superstitions et d'événements
inexpliqués, la sorcellerie faisait partie de la vie quotidienne
berrichonne.
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On peut encore trouver,
chez les aïeux de quelques fermes ou villages reculés, des
histoires de mauvais oeil, de troupeaux décimés mystérieusement,
ou des voisins mal intentionnés.
Mais c'est surtout l'oeuvre de George Sand, notamment avec le roman "La
mare au diable", qui a popularisé l'image d'un Berry "sorcier"
en décrivant les moeurs inquiétantes de sa "Vallée
noire".
De nos jours, de bouches à
oreilles on se communique les bonnes adresses de guérisseurs ou
guerisseuses, rebouteux, barreur de mal, spécialistes des brûlures,
des eczémas... Même si la science ne peut expliquer comment
des guérisons se produisent, les faits sont là. Ces personnes
ont un don, ca n'en fait pas pour autant de vilains sorciers.
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