Le
canal de Berry est un très vieux projet qui remonte à 1483
sous Louis XI.
Les dirigeants se succédant au fil des siècles en reprendront
toujours l'idée, mais celle ci n'aboutira qu'en 1807 sous Napoléon
Ier.
Long
de 320 kilomètres, avec un dénivelé de 245 mètres
exigeant une écluse tous les 3 kilomètres, il sera effectivement
terminé 32 ans plus tard, en 1839.
Ses différentes branches desservent les villes de : Montluçon,
Saint-Amand-Montrond, Sancoins, La Guerche-sur-l'Aubois, Marseilles-lès-Aubigny,
Dun-sur-Auron, Bourges, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon, Thénioux,
Selles-sur-Cher, Noyers-sur-Cher.
Il traverse 3 départements : l'Allier, le Cher et le Loir et Cher.
Le
financement maigre pour sa construction, des prisonniers espagnols furent
employés à son creusement.
L'ingénieur Mr Dutens responsable du projet, poussé à
faire des économies décida de réduire la largeur
des écluses la ramenant de 5.20m à 2.70m, estimant ainsi
réduire d'un tiers le coût des ouvrages.
Son approvisionnement en eau provenant principalement du Cher et de l'Auron
durant toute l'année, était aussi un problème. Des
étangs servants de réservoirs furent aménagés
de ci de là sur le parcours.
De beaux ouvrages de ponts, pont canal, ponts levis furent aménagés
le long du canal.
Sa largeur, sa profondeur et la largeur de ses écluses à
2.70 mètres, n'autorisait que la navigation de péniches
particulières étroites et à fonds plats, dites "berrichonnes",
interdisant le passage des péniches d'autres canaux. |
De
près de 900 péniches à sa naissance, il n'en restait
plus que 165 à la seconde guerre mondiale. Le déclin du
canal commenca vraiment en 1912 et on arrêta la construction de
péniches berrichonnes en 1924.
Ces péniches berrichonnes fabriquées spécialement
pour ce gabarit transportaient 60 tonnes maximum, elles mesuraient 27.50m
de long et 2.60m de large.
Elles étaient tractées par des mules, des chevaux ou des
ânes, mais aussi sur des courtes distances par des hommes.
Le canal c'est aussi la plantation de 190000 arbres dont 150000 peupliers,
ainsi que platanes, merisiers, ormes, acacias, noyers et autres fruitiers,
plantés selon un code.
Une essence d’arbre correspondait à un ouvrage d’art
et servait à signaler sa présence.
Il fut appelé canal du Cher puis canal du Duc de Berry et finalement
resta sous l'appelation canal de Berry.
Pensé à courte vue et à l'économie, ce canal
de petit gabarit dépérira très vite avec l'arrivée
du train et la construction de routes praticables.
C'était le temps des petits boulots qui faisaient vivre maintes
familles aussi, et des éclusiers ouvraient et fermaient les écluses
au passage des péniches.
Il reste des maisons éclusières sur le parcours du canal,
certaines ont été détruites d'autres réaménagées
et d'autres abandonnées.
Le 3 Janvier 1955 fut signé le décret de déclassement
avec effet au 1er Février et aliénation du Canal de Berry.
Il ne reste de cette parenthèse de vie et de labeur éreintant
plus grand chose maintenant qu'il est déclassé et même
remblayé à certains endroits. Que la douceur de vivre et
le calme.
Gardez à l'esprit en marchant sur les chemins de halage, la peine
et les souffrances des gens qui l'ont construit et l'ont fait vivre.
Curieusement on peut traverser les villes et villages au bord du canal
de Berry et s'y croire au milieu d'une nature abandonnée à
elle même et préservée.
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